Depuis la crise sanitaire, de nouveaux modes d’apprentissage sont apparus dans l’environnement de la formation professionnelle continue. Le comodal ou Hyflex s’inscrit dans ces nouveautés et consiste à faire coexister deux « salles de formation » : une salle physique et une salle distancielle.
Ce mode d’apprentissage, plutôt commode pour les apprenant·e·s, vise à leur proposer plusieurs modalités pour suivre une formation : de manière synchrone en présentiel, avec le formateur·rice dans la salle de formation ou encore, en distanciel via les outils de visio-conférence. L’apprenant·e peut également, de manière asynchrone, visionner l’enregistrement de la formation, sans y avoir assisté. Libre de ses choix, il/elle n’a aucune justification à apporter sur le mode de suivi pour lequel il/elle a opté.
Mais quand est-il côté formateur·rice ? Un peu moins commode… En effet, dans certains cas, il/elle peut être dans la situation où tous les participant·e·s se retrouvent en présentiel ou en distanciel. Cependant si le groupe est réellement partagé dans les deux modes, cela complexifie le déroulé pédagogique car le formateur·rice doit avoir préparé des méthodes et outils pédagogiques qui permettent de gérer toutes les situations d’apprentissage. Le cours doit donc être impérativement dimensionner aux conditions d’apprentissage.
De plus, certains pédagogues pensent que le risque d’oublier des participants est accru dans cette modalité d’apprentissage. Grâce aux découvertes sur les neurosciences, nous savons que l’attention est un système à capacités limitées ; le formateur·trice a besoin de beaucoup de ressources cognitives pour gérer les deux espaces de formation coexistant. Son objectif premier est de faire converger l’attention des participant·e·s vers un but commun d’apprentissage et donc faire alterner en permanence son attention entre le public présent et le public en distanciel. Le temps doit être équitablement partagé entre tous.
Quant aux outils technologiques de visio-conférence, ils ont rapidement évolué et certaines structures se sont maintenant équipées d’espaces propices à l’enseignement ou la formation en comodal. Il existe en effet des formules d’outils de visio-conférence qui facilitent les échanges interne-externe grâce à l’installation de caméras et micros capables de capter les données son et vidéo, de la salle entière. On parle généralement de « Room kit » pour équiper ces salles de formation.
Enfin, les outils de sondage, de quiz ou de plateforme collaborative sont particulièrement intéressants pour créer une dynamique d’échanges, quel que soit le choix du mode d’apprentissage de l’apprenant·e.
Selon l’Université de Laval qui a étudié, depuis 2019, les comportements des apprenant·e·s dans un système de comodalité, il en ressort que la majorité choisit un mode d’apprentissage, préférentiellement le distanciel, et a tendance à le conserver tout au long du parcours de formation, ce qui amène, pour les formateurs·rices, une certaine forme de stabilité dans la composition des groupes.
Formateurs·rices, soyez indulgent·e·s avec vous-même, car l’aisance dans la comodalité s’acquière avec la pratique et nécessite souvent un réajustement des méthodes et outils au fil du parcours de formation. N’ayez pas peur de tester divers outils collaboratifs pour favoriser les échanges et une collaboration effective entre tous les apprenant·e·s et adoptez un rythme plus lent pour laisser aussi le temps à chacun de se familiariser avec le comodal.
Karine Maurer