C’est bien une réalité non virtuelle dans laquelle nous nous trouvons, l’intelligence artificielle (IA) se démocratise et s’installe durablement dans le domaine de la formation professionnelle. Avatars, ChatGPT, Metavers, adaptive learning, toutes ces nouvelles technologies invitent les parties prenantes du Learning & Development à négocier le virage IA.
Au Luxembourg, déjà 30% des individus utilisent l’intelligence artificielle dans le domaine de l’éducation. Mais l’Europe annonce un retard d’investissement conséquent par rapport à la Chine ou aux États-Unis. Elle compte cependant bien rattraper ce décalage en favorisant un cadre de développement sans restreindre l’innovation technologique.
À l’heure où notre société parle d’inclusion, d’individualisation ou de « just in time » en formation comme dans le domaine de l’Éducation, l’IA ouvre des portes absolument incroyables dans la formation professionnelle continue. Créer des parcours totalement personnalisés pour chaque apprenant, répondre aux questions de chacun de manière individualisée, identifier précisément les savoirs à apporter à chaque collaborateur avec une adaptation continue des contenus de formation ; ainsi se positionne déjà l’IA dans la formation professionnelle. Elle permet de différencier, personnaliser ou adapter en tenant compte de l’évolution des compétences nécessaires à la stratégie de l’entreprise ; ainsi elle développe des contenus de formation en faisant évoluer les profils professionnels et s’inscrit alors entièrement dans la gestion des compétences.
Aujourd’hui, nous utilisons l’IA faible, c’est-à-dire une IA sans affect, qui remplace la réalisation de tâches et libère le formateur ou le concepteur des activités à faible valeur ajoutée. Mais quand l’IA forte sera employée, c’est-à-dire l’IA programmée pour avoir de l’affect et de l’empathie, le métier de formateur sera à réinventer.
Les quelques exemples suivants montrent la puissance de l’outil mais aussi l’impasse dans laquelle se dirigent les formateurs s’ils tardent à se réinventer : l’assistant du formateur, Chat GPT, peut adapter ses réponses à chaque apprenant, ce qui est parfois impossible pour un formateur seul, face à un grand groupe d’apprenants ; les avatars féminins ou masculins, entrés dans les formations e-learning sont personnalisables aussi bien dans leurs expressions faciales que dans leurs mouvements, leur voix, et s’expriment, pour certains outils, dans 120 langues.
Enfin l’adaptive learning permet à l’apprenant de suivre un parcours personnalisé sans intervention extérieure et favorise son autonomie d’apprentissage.
Il devient de plus en plus difficile de mettre un formateur derrière chaque apprenant ou chaque contenu. L’intelligence artificielle commence à résoudre ce type d’équation : « Contenu personnalisé + Apprenant satisfait + Entreprise performante ».
Alors, même si la technologie n’est pas encore assez évoluée, à quand l’hologramme de nos formateurs dans les salles de cours ? Quel délai pour l’IA de capter des contenus et d’en faire automatiquement des séquences pédagogiques sans recours à l’expert ? À quand la possibilité de se confronter à l’intelligence artificielle dans des jeux de rôles virtuels ?
Les réponses à ces questions seront dans un avenir proche et impose une vraie réflexion sur l’évolution des métiers de la formation.
Karine Maurer